Châteauneuf-en-Valromey, un château du comté de Savoie dans les montagnes de l’Ain

Le site de Châteauneuf vu depuis le nord. Au premier plan, la cour haute. Cliché : M. Terzian © Cercle Amical Songieu

Situé sur l’actuelle commune de Haut Valromey (anciennement Songieu), dans le Département de l’Ain, tout près des gorges du Rhône, le site de Châteauneuf-en-Valromey a conservé d’imposantes ruines dans un cadre paysager préservé. Dominant la vallée de Bassieu, le château est construit sur un promontoire rocheux ceinturé à l’Est par le massif du Grand Colombier et à l’ouest par le massif de Planachat. D’un point de vue géologique, cette petite vallée perchée appartient au massif du Jura.  Les vestiges les plus visibles sont ceux de l’enceinte de la cour haute et de la tour maîtresse (Zone 1), ceux d’un groupe de bâtiments dont la fonction est indéterminée (Zone 2) et la courtine nord du bourg qui fait office de mur bouclier de 135 m de long en barrant l’éperon rocheux sur sa partie la plus exposée aux assaillants.

Le promontoire est aujourd’hui occupé par des prés, mais un village fortifié (Zone 3) était habité par 34 familles en 1345, ce qui représente environ 100 à 170 habitants. La dernière maison a été démolie au début du XXe siècle.

Le promontoire est composé de plusieurs terrasses étagées qui suivent la dénivellation naturelle du rocher calcaire. Le point haut occupé par la Cour Haute du château culmine à une altitude de 707 m, alors que la pointe sud avoisine les 690 m. Le site d’une surface de 1,5 hectares s’étend sur environ 239 m de long et sur une largeur maximale de 132 m. Plus étroite, la pointe sud appelée Belvédère constituait un point de contrôle important du territoire et offre encore aujourd’hui un magnifique panorama. L’enceinte qui protégeait le bourg est plus ou moins bien conservée en élévation mais son tracé est encore visible dans la topographie. © Atelier d’Archéologie Alpine
La dernière maison du bourg en cours de démolition, carte postale du début du XXe siècle. © Cercle Amical Songieu

L’occupation du site

L’occupation humaine sur le territoire de Songieu remonte au moins à l’Âge du Bronze (autour de -2200 à -800 avant notre ère) : des sépultures ont notamment été fouillées dans les grottes du Pic dans les années 1980. Le promontoire naturel qui porte le château est lui aussi fréquenté à cette période.
Châtellenie «sans histoire», éloignée des conflits qui opposent les grands princes, le territoire dépendant de Châteauneuf-en-Valromey appartient successivement à partir de 1030 aux comtes de Maurienne, puis aux Sires de Beaujeu jusqu’à la fin du XIIIe siècle, avant de revenir dans les biens de la Maison de Savoie. Il devient terre du royaume de France au moment du rattachement de la Bresse, du Bugey et du Pays de Gex en 1601.
Rattachés à la paroisse et à l’église de Songieu, le château de Châteauneuf et son bourg étaient le centre administratif, militaire et judiciaire de cette vallée perchée d’environ 150 km2. Quant au château, même s’il existait déjà en 1140, les textes sont muets sur son organisation et son architecture jusqu’au milieu du XIVe siècle. Après 400 ans d’occupation continue, il est en ruines en 1550 et le châtelain s’est installé dans des maisons d’Hotonnes.

Dégagements des maçonneries et fouilles archéologiques

Après son abandon, le château a longtemps servi de carrière et s’est peu à peu laissé envahir par la végétation. Plus tard, les ruines ont fait l’objet d’un entretien puis de dégagements progressifs entre les années 1970 et le début des années 2000 sous la houlette du Cercle Amical de Songieu avec notamment l’organisation de chantiers de bénévoles internationaux. Les dégagements ont été accompagnés de travaux de consolidation. Depuis 2015, le site bénéficie d’une approche archéologique mise en regard avec les données des archives médiévales. Après un état des lieux complet du site, des fouilles archéologiques sont organisées chaque été dans le cadre d’un programme global d’actions de sécurisation et de valorisation des vestiges.

Les fouilles archéologiques dans la cour haute du château en 2019. © Atelier d’Archéologie Alpine

Le Cercle Amical de Songieu

Association créée en 1959, le Cercle Amical de Songieu devient propriétaire d’une grande partie du site de Châteauneuf à partir des années 1980. Plusieurs générations de bénévoles, attachés à la sauvegarde des ruines du château, ont travaillé à leur entretien, à leur mise en sécurité et à leur mise en valeur.

Les bénévoles de l’association restaurent les maçonneries à la chaux après les fouilles archéologiques afin de conserver les vestiges visibles pour le public. © Cercle Amical Songieu
Le plan de la cour haute du château. © Atelier d’Archéologie Alpine

Les recherches archéologies (2015-2020)

Les premières investigations ont concerné le dispositif d’accès principal, la tour maîtresse et la défense de la cour haute du château. La fouille d’un bâtiment aménagé le long de la courtine sud, dont la physionomie correspond à la grande salle mentionnée dans les archives à partir de 1362, est en cours.

L’emplacement de la grande salle avant le début des fouilles en 2015. © Atelier d’Archéologie Alpine
La grande salle en cours de fouilles en 2020. © Atelier d’Archéologie Alpine

Le rez-de-chaussée du bâtiment est desservi depuis la cour par des portes de différentes dimensions possédant toutes le même décor chanfreiné. Les indices de la présence d’éléments de confort à l’étage nous sont parvenus aussi bien avec les blocs sculptés recueillis pendant les fouilles (piédroits d’ouvertures, claveaux d’arc, éléments des cheminées de l’étage) qu’au travers des textes. Deux grandes pièces de 54 et 65 m² sont à ce jour totalement dégagées.

Fouille d’une pièce du bâtiment avec le dégagement d’une porte et de la hotte d’une cheminée effondrée. © Atelier d’Archéologie Alpine

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